Une des plus grandes peurs de l’être humain est certes de devoir prendre la parole en public. Pour ma part, j’ai encore en tête mon passage à l’école secondaire où l’on devait faire ces satanés exposés oraux. Je me vois encore dans ma chambre chez mes parents à répéter un texte que j’avais composé selon les normes de mon enseignant. Y a-t-il vraiment quelque chose de pire que tenter d’apprendre un texte par cœur pour ensuite le réciter devant sa classe. Je ressens encore en moi ce stress de me rendre à mon cours lorsqu’était venu mon tour.

Ma première expérience devant un auditoire a eu lieu dans les années 80. Nous demeurions sur la Côte-Nord, plus précisément à Sept-Îles, endroit où mon père avait trouvé un emploi décent. Comme j’étais enfant unique à cette époque, ma mère s’occupait d’organiser mon emploi du temps lors du congé estival. J’aimais beaucoup me rendre au terrain de jeu, situé près de chez moi à mon école primaire. J’y trouvais de nouveaux amis et une multitude d’activités sportives que j’adorais. Cet été-là, pour clore les activités, les organisateurs avaient mis en place un spectacle de lipsync dans le grand gymnase. Les groupes se sont formés rapidement et je me suis retrouvé chanteur de mon équipe pour interpréter la pièce « in » du moment Every breath you take du groupe The Police. Je n’étais pas chaud à l’idée de faire semblant de chanter mais pas le choix toutes les places moins exposées avaient trouvé preneur. Donc, me voilà chez Woolco (magasin à grande surface disparu par la suite) pour me procurer la cassette du groupe avec un beau dix dollars reçu de ma grand-mère Rita. J’ai encore en tête l’image du jeune Éric au sous-sol dans la salle de lavage qui chantait et apprenait par cœur les paroles de la chanson. Inutile de vous dire que j’y mettais beaucoup de cœur. Le fameux jour s’est pointé. On avait placé une immense scène en hauteur dans le grand gymnase. Les nombreux jeunes y étaient entassés, lumières basses, sons très forts. Lorsque notre tour est arrivé, j’étais sidéré, gelé sur place, je voulais mourir. Finalement, j’ai été remplacé par un ami et moi je me suis retrouvé dans la foule à regarder celui-ci livrer la performance que j’avais préparée. Cette scène est encore gravée en moi et me fait toujours aussi mal quand j’y pense.

Il y a quelques années, mon fils Alexis prenait part à un spectacle de fin d’année de son école primaire. La flûte à bec était au menu. Alexis n’avait aucune aptitude pour cet instrument. Ce soir-là, j’étais assis dans un grand auditorium pour assister fièrement à ce spectacle de fin d’année où chaque enfant y mettait son grain de sel. Lorsque la classe d’Alexis s’est pointée sur scène, on pouvait y voir plus de 20 jeunes côte à côte avec leur flûte. Devant eux se trouvait un beau xylophone, celui d’Alexis. L’enseignant avait pris soin d’enseigner cet instrument à mon fils pour l’intégrer aux autres. Je ne me doutais pas que j’allais revivre ma déception d’enfance. Oui le spectacle a commencé et le xylophone est resté là, fin seul. Alexis ne s’est jamais présenté sur scène.

Le 8 octobre prochain, je serai du côté de Val-D’Or, en Abitibi. Mon amie Mireille Chevalier y organise un Salon santé et mieux-être. Mireille, une femme de cœur, y place chaque jour beaucoup d’efforts pour donner le maximum à sa communauté. Dans le but de souligner ces efforts, j’ai décidé de m’y rendre. Mireille m’a alors mentionné qu’il serait bon que je m’adresse aux visiteurs pour offrir une conférence aux sujets de l’autisme Asperger. J’aimerais vous dire que chaque jour depuis, je travaille fort pour d’abord visualiser ma présence sur scène mais aussi combattre ce fameux stress. Il est certain que je maitrise le sujet, cela ne m’inquiète guère, mais quand même. Ce jour-là, je pourrai faire disparaitre ce malaise à tout jamais. Qui d’autre que Mireille pouvait m’offrir la chance de battre ce petit démon en moi?

Je ne suis plus ce petit garçon de Sept-Îles. J’ai acquis beaucoup d’expérience depuis. Je prépare présentement ce que je veux présenter aux gens de Val-D’Or. Le 25 octobre, j’aurai aussi la chance de m’adresser à la foule pour la cause de la fondation Jean Allard du côté d’Alma et quelques jours plus tard, vivre le premier événement Simplement Différent parmi les miens, à Saguenay.

Merci Mireille de m’offrir la possibilité de battre enfin ce stress qui dort en moi depuis plus de 35 ans.

Je suis Simplement différent, vous êtes Simplement différent.

4 réponses

  1. Très beau témoignage Eric ! Nul doute que tu seras à la hauteur pour les 3 conférences à venir, tu vas faire fureur !!! Je ne serai malheureusement pas là pour en prendre plein les yeux et les oreilles, mais je penserai à toi de tout mon cœur avec beaucoup de bienveillance. Bravo pour tout ce que tu accomplis ! <3

  2. Très belle article Éric tu sera a la auteur j’en suis certaine. Et quel beau message pour Mireille , je crois qu’elle a atteint le coeur de beaucoup de gens. Bonne chance dans ta continuité, tu iras loin mon ami.

  3. Ouf bravo mon homme tres belle chronique ca me r’appelle des souvenirs beaucoup de chemin parcouru va y tu est capable je suis derriere toi xxx

  4. Comme cet article remue aussi plein de choses en moi…j’ai aussi à me battre avec cette peur, lolll
    Je suis certaine que tu vas réussir ce défi et mettre à jamais derrière toi ce souvenir d’école. Je serai en pensée avec toi!